Il était une fois l’école des intelligences multiples

C’est en 2016, sous la plume sensible et aguerrie de Bruno Dolhem que naissait sur le papier, les prémisses de ce que deviendra EIM – Ecole des Intelligences Multiples – Lab éducatif – Collège & lycées – aujourd’hui. Si assis à son bureau, les mots semblaient glisser avec facilité et rapidité sur le papier, c’est que Bruno avait de quoi écrire sur l’un des sujets les plus emblématiques de notre temps : l’école. Enseignant couteau suisse et ancien directeur d’établissements scolaires, pendant plus de 20 ans, il avait eu le temps de vivre de l’intérieur les rouages d’une institution qui ne demandait qu’une chose : se transformer.

Bruno savait pertinemment ce qui ne fonctionnait pas à l’école mais plutôt que de mettre tous ses efforts à lutter contre sa réalité actuelle, il concentra ses forces à la regarder sans jugement. L’école était simplement là dans ce qu’elle était avec ses joies et ses réussites mais aussi ses limitations et ses souffrances quotidiennes normalisées. Elle vivait encore dans un passé dont elle avait dû mal à s’affranchir traînant avec elle les vestiges ternes d’une révolution industrielle déjà dépassée. Il le voyait et pouvait ressentir quotidiennement la peine des jeunes, de leurs parents et de beaucoup de professionnels à ne pas parvenir à s’unir pour écrire leur histoire et celle d’une époque plus colorée qui demandait à émerger avec plus d’amour, de joie et de créativité.

Avec ses années d’expériences, Bruno savait qu’il lui serait impossible d’innover dans le cadre ordinaire dans lequel l’école avait été créé. Il avait vu défiler au fil des années tant d’élèves qui essayaient de se fondre au maximum dans ce cadre au prix d’épuisements considérables dans lequel « le pétage de plomb de ne pouvoir être soi » était devenu une norme quasi permanente. Des « bons » élèves » au « mauvais élèves», le phénomène n’épargnait désormais personne et ne cessait de prendre de l’ampleur année après année. Il prit alors conscience que d’essayer d’aménager l’école ne serait pas suffisant pour inclure la diversité des élèves qui se présentait à la porte des établissements qu’il dirigeait. Ce cadre avait fait son temps. Il avait contribué mais tellement plus grand demandait à émerger de toutes et de tous.

Alors si de l’intérieur, cela n’avait pas fonctionné « Quoi d’autre était possible pour transformer celle à qui nous avions confié la responsabilité d’accompagner nos enfants dans leur développement, et cela quel qu’il soit ? », « Comment les préparer à s’adapter aux nouveaux mondes et compétences en émergence ? », « Comment apprendre à vivre ensemble en respectant la diversité des élèves qui composent naturellement une école ? ». 

Bruno pris conscience que bien souvent pour essayer de transformer l’école, on parlait de faire « l’école autrement ». Et si ce n’était pas l’angle de vue le plus efficient ? Souvenez-vous de votre salle de classe il y a 10 ans, 20 ans, 30 ans et regardez aujourd’hui en collège, lycée. Cette organisation, ce modèle, pourtant récent, a tellement saturé l’espace, la réflexion, que nous partons toujours de cette école là pour la modifier, en proposer un modèle alternatif mais sans grand véritable changement vu que nous n’avons pas vraiment changé de manière de voir les choses.

Pour métamorphoser l’école, Bruno décida alors d’opérer un délicat changement sémantique dans la formule « l’école autrement » en réalisant un agile sauté de mots. Et c’est peut-être à ce moment exact que sa formation émérite de professeur de lettres lui servi pour la première fois.

Tel un poète alchimiste équilibriste, il parvint à métamorphoser l’ordinaire formule « l’école autrement » en l’extraordinaire formule « Autrement que l’école ». Et cela est bien different. Cela consiste à penser avant l’école. Il ne s’agit pas de penser l’école à nouveau mais de penser « un à nouveau de l’école ». 

Et cela change tout. Surtout que cela nous renvoie à l’étymologie grecque : « Skholé ». Qui signifie « loisir, arrêt du travail ». Or, l’école aujourd’hui est marquée par l’étude, l’effort, le labeur. C’est ce que l’on appelle le monde scolaire. « Autrement que l’école » invite à un tout autre monde. Il invite au plaisir d’apprendre ensemble en repensant complètement les espaces, le temps, les savoirs et la relation élèves-enseignants à l’école.

Ainsi, grâce à ce subtil changement alchimique, Bruno laissa aller tout ce qu’il avait au fond de lui, avec toute la vulnérabilité et l’audace qu’il fallait pour déconstruire une institution qu’il respectait énormément. De cet habile changement naquit ainsi les prémisses d’une toute nouvelle présence au monde : celle qui s’accueille soi et l’autre dans toutes ses dimensions sans pré-juger ou pré-limiter de ce qu’il est possible d’accomplir ou pas. De cet habile changement naquit ce qui deviendra rapidement le poumon de l’école : le lab éducatif EIM et son ingénieuse pédagogie.

En s’autorisant à s’affranchir et à imaginer d’autres possibles, Bruno était à mille et une lieu de penser que ce qu’il proposait allait provoquer un engouement général à haute intensité. Car il ne s’arrêta pas à écrire sur le papier et à fantasmer EIM – Ecole des Intelligences Multiples – Lab éducatif – Collège & lycées, seul dans son coin en parlant hypothétiquement d’une école idéalisée et surréaliste. Dès 2017, il prit son courage à deux mains et passa une très grande partie de son temps à voyager en France. Il partit à la rencontre de professionnels (chercheurs, neuroscientifiques…) mais également de parents et d’associations pour se rendre compte de la faisabilité de son projet. Et il n’eut que confirmation sur confirmation qu’EIM offrait une toute nouvelle possibilité de vivre ensemble l’école.

Ainsi dès 2022, la première école des intelligences multiples naquit, en région parisienne, à Saint-Germain-en-Laye avec une première cohorte d’élèves et de parents prêts à s’unir pour écrire l’histoire d’une école à la hauteur de leurs intelligences et de leurs sensibilités multiples. Car qui de mieux que de sensibles empathes créateurs agitateurs de conscience pour transformer ensemble l’école avec douceur, ingéniosité et authenticité ?

Julie Debord, cofondatrice d’une école qui empuissance les pouvoirs multiples de ses élèves.

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Nota bene : « De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités ».